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Guy Maddin ou le (post)modernisme archaïque

par Donato Totaro


Au cours des deux dernières semaines de septembre, le public montréalais sera convié à découvrir, lors d’une rétrospective qui lui sera consacrée à la Cinémathèque québécoise, l’intégrale de l’œuvre de Guy Maddin, ce singulier cinéaste de Winnipeg trop peu connu de ce côté de l’Atlantique.

Chantre du renouveau du cinéma canadien, Guy Maddin a connu ces dernières années une période de création admirablement productive et gratifiante. En plus du moyen métrage-installation autobiographique Cowards Bend the Knee (2003) et du film The Saddest Music in the World (2003), Maddin a publié récemment ses écrits critiques et journalistiques sous le titre From the Atelier Tover : Selected Writings. Bien que Maddin soit originaire de Winnipeg, son œuvre est si débordante d’imagination et coupée du monde que l’on pourrait le croire venu d’une planète éloignée où les gens ne s’exprimeraient que sur un ton sibyllin et feutré, n’écouteraient que des radios à ondes courtes qui crachotent et ne visionneraient que des films muets, tout en vivant dans la peur constante du moindre désir psychosexuel refoulé.

Issu de la marge, Maddin a pris part à l’expérience féconde du Winnipeg Film Group (né en 1974) avant de devenir l’un des plasticiens du cinéma les plus singuliers et les plus atypiques du monde. Maddin rencontre Greg Klymkiw, un de ses futurs producteurs, à la Manitoba University, où ils suivent tous les deux les cours de cinéma du professeur George Toles. Toles, qui deviendra plus tard le coscénariste attitré de Maddin comme Steve Snyder, autre professeur de cinéma de la même université, l’amène à développer son amour et son appréciation de l’histoire du cinéma des origines, ce qui contribuera à façonner la sensibilité filmique unique et attachée au passé du jeune réalisateur.

Le style inimitable de Maddin, impénétrable pour certains, invitant pour d’autres par son côté surréel, est marqué en profondeur par une forme consciente d’anachronisme historique. Délaissant les technologies de pointe, Maddin préfère recourir à des effets intégrés à la caméra (lentilles paraffinées ou recouvertes de soie, flou artistique, effets à l’iris, surimpressions), de même qu’à des éclairages fortement contrastés (généralement en noir et blanc) et à des bandes sonores trafiquées pour retrouver la texture d’image et de son propre à la période du muet et des premiers films parlants. Même tributaire de la technologie de pointe, comme dans Dracula : Pages from a Virgin’s Diary (2002), le travail de Maddin reste fermement ancré dans le passé. Alors que le montage et la colorisation de Dracula doivent beaucoup à la technologie numérique, le film a d’abord été tourné en Super 8, puis en 16 mm. Comme le formule Maddin d’un air embarrassé : « Dracula pourrait bien être le film le plus redevable au digital jamais réalisé au Canada… et le film en Super 8 le plus cher jamais tourné ! Un film en Super 8 de 1,6 million de dollars ».
[ extrait seulement, texte complet voir 24 images n° 118 p. 5-7 ]

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